« L’ATTAQUE » par Emile Peytavin « Flammes Brèves » ed. H.Chaptal 1965

L’attaque du train en gare de Belvezet par les FFI en juin 1944, évènement bien connu de nous tous, semblait revêtir une importance particulière pour leur chef Emile Peytavin (Ernest) ; A tel point qu’il y consacre un chapitre entier de son remarquable ouvrage « Flammes Brèves » dont je cite ici la seconde édition publiée en 1965.

Dans mon incapacité actuelle de retrouver des ayant droits de cet auteur afin de solliciter l’autorisation de faire apparaitre son récit sur notre site web, je reprendrais simplement quelques citations de façon littérale et dans un strict respect du texte original. Je retirerais immédiatement ces textes de ce site internet dans le cas ou tout ayant droit ne souhaiterait pas voir ces citations ici.Je remercie toute personne qui pourrait m’aider à contacter un éventuel propriétaire de droits sur cet ouvrage afin de solliciter l’autorisation d’en reproduire le texte complet des paragraphes qui nous concernent. Je n’en cite quelques extraits que dans l’esprit de sauvegarder la mémoire des ces combattants à qui nous devons notre liberté, d’éviter l’oubli et de contribuer à un apport aux jeunes générations de vrai repères ; par opposition au « solutions » autant mensongères que dangereuses, qui peuvent s’imposer à eux !

Chapitre IV : L’attaque

  •  » – Commandant, qui s’est les boches qu’on attaque ?  – des S.S. Ils seront deux cents environ … « 
  •  » – justement. C’est pour ça que je n’ai voulu qu’une poignée de gars. Si l’affaire tourne mal ils pourront s’égailler sans perdre leurs armes. Si au contraire tous ces jeunots du maquis sont là, ils nous emmerderont et perdront leur pétoire … »
  •  » le train apparaissait et s’arrêtait à 50 mètres avant la station … Les trois derniers wagons détachés restaient en panne … »
  • « Le mécanicien accélérait pour mettre plus de distance entre les deux morceaux du convoi… »
  • « La rafale roula … Aux hurlement SS s’ajoutaient les cris de voyageurs… les mitraillettes de Ruti, précises, féroces, trouaient les vagons… »
  • « Le tir combiné de Colt et Ruti avait mis hors de combat des hommes qui avaient eu leur compte avant même que de saisir leur arme pour riposter. »
  • « Deux maquisards se détachèrent du talus et comme ils avançaient debout, sans s’en faire, vers la loco, reçurent de dessous les wagons une rafale qui les coucha … »
  • « Un homme allait d’un toit à l’autre des wagons et, de chacun, couché à plat ventre, penché loin en avant, d’un large balancement des bras envoyait une grenade entre les roues. »
  • « Le drapeau blanc s’agitait toujours… »
  • « …descendirent quelques allemands, hébétés, mains à la nuque… Ils étaient 37.Colt les rangea sur le quai. Il leur parlait sans hâte, sans forcer la voix. Enfin trois femmes apparurent. – Qu’est ce que foutent là ces poules ? demanda Georges. – C’est des infirmières. »
  • « Dis à l’adjudant qu’il peut rejoindre ses soldats et qu’ils seront conduits au camp. Dès que Colt eut traduit les paroles de Silva, le visage de l’Allemand se crispa et soudain : – Herr Commandant, serons nous torturés ? demanda-t-il. – Tiens tiens, maintenant il parle français. Non ! vous ne serez ni torturés, ni fusillés? ni rien du tout. Vous êtes prisonniers de guerre et serez traités comme tels.Nous sommes des soldats »
  • « L’une des femmes, alors s’avança vers Silva. – Que dit-elle? – Elle demande si c’est bien vrai qu’elles sont libres, si c’est bien vrai qu’elles ne seront ni torturées ni fusillées. – Encore, nom de Dieu ! s’écria Silva… »

 

Chapitre V : Oeil pour Oeil

  • « – Nous allons inhumer André et Jacques qui sont morts hier … Une balle avait traversé la gorge d’André et la jeune doctoresse dans la voiture qui la conduisait au PC avait serré un tampon sur la carotide qu’elle étreignait et dont le jaillissement la couvrait de sang. Tu comprends, expliqué-t-elle à Banon, je voulais qu’il pût voir sa femme avant de mourir. Sa femme était là, en effet, déchirée de sanglots. »
  • « – Vous êtes adjudant-chef des S.S. ? – Pardon, herr commandant, de la Feldgendarmerie. – Gendarme ? que faisiez-vous dans le convoi en route pour la Normandie ? – J’étais responsable de l’ordre sous l’autorité du lieutenant. – Ou est ce lieutenant ? – Pardon, herr commandant, il a été tué à Belvezet. – La compagnie de renfort se composait-elle de S.S.? – De troupes de la Werhmacht, herr commandant. Il y avait seulement douze S.S. Il n’en reste que deux. Les autres ont été tués ou blessés. – Que faisaient-ils dans le convoi ? – Ils servaient d’encadrement. »
  • « A une centaine de mètres de la cour de la ferme, deux groupes se faisaient face : l’un composé des maquisards ; l’autre composé des prisonniers allemands. Entre ces deux groupes, se détachaient contre un talus deux jeunes soldats, à visage d’enfant. Quel age avaient-ils ? Probablement pas vingt ans. Silva s’avança et lut en français une déclaration par laquelle il annonçait que pour répondre à l’exécution de deux maquisards, on allait procéder à l’exécution de deux S.S. Puis Colt lut la déclaration en allemand… »

 

 

Historique Recensement

1796 : 300, 1800 : 300, 1806 : 325, 1821 : 452, 1826 : 410, 1831 : 308, 1836 : 240, 1841 : 240, 1846 : 240, 1851 : 240, 1856 : 240, 1861 : 240, 1866 : 208, 1872 : 230, 1876 : 243, 1881 : 301, 1886 : 302, 1891 : 305, 1896 : 287, 1901 : 269, 1906 : 259, 1911 : 263, 1921 : 237, 1926 : 219, 1931 : 225, 1936 : 203, 1946 : 202, 1954 : 154, 1962 : 133, 1968 : 127, 1975 : 106, 1982 : 90, 1990 : 79

ATTAQUE DE LA GARE LE 7 JUILLET 1944

Souvenirs de Louis TRAZIC, de BELVEZET :

 

«Pour tous les aînés, qui avons parcouru une grande part de ce XXème siècle à la fois grandiose et tourmenté, grandiose par l’ampleur du progrès social et scientifique, et tourmenté par deux guerres mondiales, les plus grands drames de toute l’histoire de l’humanité.

 

Après la guerre de 1914/1918, qui saigna à blanc la campagne française, comme en témoignent les monuments aux morts de nos villages et d’où sortirent meurtris vainqueurs et vaincus. L’économie allemande laminée par les rigueurs du traité de Versailles, il en résulta la faillite de l’Etat, et beaucoup de souffrances pour le peuple, qui furent le terreau fertile du nazisme, amenant Hitler au pouvoir en 1933. Dès lors, en violation de toutes les clauses du traité de Versailleset face à l’inertie coupable des dirigeants alliés, il réarma puissamment et rapidement l’armée allemande. Le 1er septembre 1939 sonna à nouveau le tocsin de la guerre qui fit deux jeunes victimes militaires dans notre commune. Après la déblacle sans précédent de l’armée française et à l’appel du 18 juin du général de Gaulle, certains français refusant la défaite entreprirent de créer dans la clandestinité les réseaux de la Résistance à l’occupant.Beaucoup de ces soldats de l’ombre, hommes et femmes, furent souvent victimes par délation du comportement infâme de certains français, et payèrent un lourd tribu à la patrie. Dès l’hiver 1943, la Résistance se renforcant par l’arrivée en nombre de réfractaires au STO en Allemagne. Les actions armées allèrent en se multipliant jusqu’à la libération, générant chez l’occupant la psychose (du maquis partout). Les massifs du Vercors et Mont-Mouchet furent des hauts lieux de la résistance française.

 

Le vendredi 7 juillet 1944, à 7 heures, tandis que la campagne sentait bon les premiers foins mouillés par l’orage, un commando FFT, venant paraît-il des groupes du Mont-Mouchet, attaqua un convoi allemand en gare de Belvezet. Dans les wagons et par surprise, les militaires subirent le feu nourri des assaillants postés aux abords de la gare, camouflés dans les champs de blés. De cette embuscade meurtrière, il en résulta un affreux carnage: 23 morts, des blessés, dont une jeune infirmière, et des prisonniers dont on ignore le nombre et le sort qui leur fut réservé par la suite. Cet acte de guerre si meurtrier nous fit craindre le pire, car bien des sites connurent de féroces représailles pour des actes bien moindres. L’abbé Valentin, curé de la paroisse, assuma avec héroïsme et courage un certain service de renseignements au profit de la Résistance; il échappa de justesse à son arrestation les derniers jours de l’occupation. Il s’impliqua fortement au service des réfugiés politiques ou autres, dont deux familles juives, leur procurant tous les faux papiers d’identité et cartes d’alimentation indispensables à leur vie clandestine, les camouflant au mieux aux yeux et aux oreilles de l’occupant. Ce fut l’abbé Valentin qui se rendit le premier sur les lieux du drame, accompagné de mère Clémence, gérante du petit restaurant de la gare, d’un cheminot et son épouse Mme Maury, l’adjoint au maire de l’époque, pour apporter un peu de secours aux blessés. D’après certains témoignages, suite à ces gestes humanitaires, l’infirmière gravement blessée, à son dernier souffle, aurait supplié la hiérarchie militaire d’épargner au village toute forme de répresailles. Si beaucoup virent la main de la Providence ce jour là, ils en furent peut-être bien les instruments de cette protection providentielle et depuis, la paroisse fit le voeu de célébrer chaque année la fête du Sacré-Coeur, avec plus de ferveur et solennité.

 

Au soir de cette triste journée, beaucoup se réfugièrent ailleurs, surtout les jeunes et les réfugiés, jusque dans les bois du Goulet, attendant dans l’angoisse la suite des évènements. De cet événement cauchemardeux, une grande question reste ecore aujourd’hui sans réponse: y-a-t’il eu de la part de l’occupant l’intention réelle de représailles? Si oui, est-il plausible que les gestes humanitaires forts de ces personnes, appuyés par l’émouvant supplique de l’infirmière agonisante, ait influencé la décision de l’autorité militaire?

 

Ce que je raconte, c’est du passé, mais c’est dans dans le passé que sont les racines du présent et du futur. Ne galvaudons pas cette précieuse liberté si chèrement acquise».

 

 

 

Merci à Louis TRAZIC pour ce précieux témoignage de l’histoire de BELVEZET.

La Baraque des Cayres

Au point culminant du chemin qui mène de Belvezet au Vallon du Villaret via Le Mazas se trouvait autrefois une auberge. On y passe aujourd’hui en traversant par les chemins ruraux de Belvezet vers Bagnols les Bains. Mais c’est pour être au bord de l’autre chemin, la Draille qui croise ce carrefour dit de « La Pierre Plantée » que ce commerce était implanté sur ce lieux.

Il ne reste plus de vestiges de cette construction mais son emplacement apparait clairement sur une photo aérienne du site en noir et blanc longtemps affichée dans le couloir de l’ancienne école primaire du village.

Lorsque les déplacements s’effectuaient à pied ou à cheval, cette Draille qui relie Le Bleymard à Chateauneuf de Randon était sans aucuns doutes un lieux de passage important.

Cette auberge devait certainement exister au 19ème siècle. Elle est citée par le R.P. Boisset comme un lieux de débauche pour des hommes du village…

Le terme de « Baraque » se retrouve dans de nombreuse auberges de la région dont certaines sont toujours en activité.

Ce site fut occupé depuis fort longtemps car des tuiles en terre cuite de l’époque romaines y ont été retrouvées.

D’ailleurs, les vestiges révélés par la photo aérienne pourraient également être ceux d’une ferme romaine.

Un endroit empreint de de mystères donc…

Peut être ferons nous à ce sujet d’autres découvertes sur ce lieux que nous ne manquerons pas de présenter ici.